Haine anti-musulmans et procès en «islamo-gauchisme»: ça suffit !
Il est temps de dire une bonne fois pour toutes : stop.
L’assassinat de Samuel Patty par un terroriste islamiste nous a tous bouleversés, profondément, intimemement, dans notre chair. Parce que c’est un prof passionné par son métier qui a été ciblé, parce que c’est l’école républicaine qui a été visée, parce que c’est la cohésion même de notre société qui a été une nouvelle fois attaquée.
La réponse se devait d’être collective : refuser de rentrer dans le piège tendu en revendiquant au contraire fièrement l’unité du peuple français face aux fanatiques. Mais les charognards sont immédiatement sortis de leur tanière en piétinant le temps de deuil et d’hommage de la Nation. Pour se lancer dans un concours de récupération raciste et calomnieux entretenu en choeur par LREM, LR et le RN.
La lutte contre le terrorisme est une chose sérieuse : elle appelle à des débats sur les moyens humains et techniques du renseignement, la capacité de la police et de la Justice à remplir effectivement leurs missions, la politique étrangère et les alliances militaires de la France, etc. Elle demande aussi à une réflexion plus globale sur les manquements de notre République et le terreau qui permet aux fondamentalistes de “recruter” : la misère, la relégation, les inégalités, les discriminations, exacerbées par des décennies de politiques néolibérales .
Mais rien de tout ça n’a été discuté la semaine dernière. A la place, nous avons eu droit à des débats nauséabonds imposés par les droites et appuyés par les médias :
Devoir répondre à Darmanin qui sous-entend que le hallal amène au fondamentalisme. Devoir répondre à Blanquer qui considère que la fac est un repère de profs islamistes.
Devoir répondre à Schiappa qui a trouvé son prétexte pour réintroduire la loi Avia.
Devoir répondre à Le Pen qui veut sortir de la Convention européenne des droits de l’homme.
Devoir répondre à Pécresse qui considère que toutes les associations musulmanes doivent se justifier publiquement par rapport aux attentats.
Devoir surtout répondre aux attaques en “islamo-gauchisme”, coordonnées directement par l’Elysée et relayées par une extrême-droite qui n’en demandait pas tant. Que veut dire ce terme ? Personne ne le saura. Que nous reproche-t-on ? Personne ne nous le dira. Le but est de salir, d’insinuer un doute, pour intimider et empêcher toute critique des discours et des politiques du gouvernement. Et même le 1er secrétaire du Parti Socialiste, Olivier Faure, s’est adonné à ce petit jeu dangereux en parlant d’”ambiguïtés” des insoumis.
Tout refus d’assimiler Islam et Islamisme, tout refus de considérer qu’un musulman est par principe suspect, tout rappel du cadre de l’Etat de droit, est devenu pendant cette semaine de la honte une complicité terroriste. Jamais la parole raciste et les préjugés de comptoir haineux n’ont été autant légitimités par les médias et les droites. Jamais un tel déchaînement de violence verbale n’avait été atteint, culminant avec les tags indignes contre le PCF traité de “collabo” alors que des dizaines de milliers de résistants communistes ont été victimes de la barbarie nazie.
Il est temps de dire une bonne fois pour toutes : stop.
Stop aux grands discours de dirigeants qui ont vendu des armes et signé des gros contrats avec des dictateurs qui financent l’islamisme politique.
Stop aux mensonges du Rassemblement national dont un ancien membre du service d’ordre était impliqué dans un réseau de trafiquants qui a fourni des armes à l’assassin de l’Hyper Casher.
Stop aux leçons de communautarisme de Darmanin qui marchait avec la manif pour tous contre le mariage gay.
Stop aux conseils en laïcité de Blanquer qui s’est engagé pour le développement d’écoles catholiques traditionalistes.
Stop à cette séquence détestable qui a une fois de plus jeté l’anathème sur nos compatriotes musulmans qui servent de bouc-émissaire à la crise.
Et n’en déplaise à tous ceux qui veulent attiser les braises et profiter de l’occasion pour mettre à mal notre démocratie et diviser notre pays, nous resterons clairs sur nos valeurs. La lutte contre l’islamisme politique doit être menée avec les moyens, la rigueur et l’intransigeance qui s’imposent. Elle ne doit jamais être menée en reniant la République, l’égalité en droit de tous les français, la liberté de conscience, d’association, de pensée, et l’état de droit.
La liberté de croire ou ne pas croire est une liberté fondamentale qui doit être protégée. La laïcité n’est pas un prétexte pour déverser sa haine matin, midi et soir sur les musulmans. La police n’est pas là pour faire pression sur des personnes qui déplaisent à un gouvernement mais pour faire respecter la loi. La dissolution d’associations ne doit pas être un caprice de monarque qui veut donner des gages à l’extrême-droite en s’attaquant uniquement à un groupe religieux mais une procédure encadrée qui doit s’appuyer sur des faits établis précis et non des rumeurs. La lutte contre le terrorisme ne peut s’affranchir de règles de droit que nous avons mis des siècles à construire et à maintenir. Le combat contre toutes les formes d’obscurantisme et de haine ne sera remporté qu’en réunissant la population toute entière autour d’une promesse républicaine traduite réellement dans les faits.
Malgré les menaces, les procès d’intention, les chasses aux sorcières, nous ne céderons sur aucun de ces principes.
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