Macron fait honte à la France en Europe
Devoir de vigilance, travailleurs ubérisés, espionnage des journalistes et refus de légiférer sur le viol : en Europe, Mister Macron le réactionnaire profite de l’opacité des négociations européennes pour torpiller quotidiennement les textes que défend Docteur Emmanuel le prétendu progressiste. Le “en même-temps” de Renaissance les conduit comme à l’Assemblée nationale à s’allier à l’extrême-droite en coulisses contre les droits sociaux, l’écologique et les libertés publiques. La semaine que nous venons de vivre en est d’ailleurs une claire démonstration.
Emmanuel Macron essaie depuis plusieurs semaines d’installer son match entre “pro” et “anti” UE, “progressiste” et “conservateurs” pour les élections européennes du 9 juin prochain. Soit-dit en passant, bien aidé par le refus des socialistes, écologistes et communistes de présenter une liste commune de la NUPES qui aurait permis de refuser ce faux duel. Mais la volonté des Macronistes de se présenter comme des chevaliers blancs sur la scène européenne ne résiste pas une seconde à l’examen de leur action au Conseil et au Parlement européens. Les exemples s’accumulent d’ailleurs récemment où Emmanuel Macron s’est mis plusieurs fois du côté des pires réactionnaires pour torpiller des textes d’intérêt général au niveau européen.
Deux directives essentielles viennent ainsi de terminer leur parcours législatif. D’un côté, un texte défendu par ma collègue Leila Chaibi permettant d’offrir un statut protecteur aux travailleurs ubérisés exploités par les plateformes. De l’autre, une législation sur le devoir de vigilance des multinationales visant à les rendre responsables de leurs violations des droits humains et dommages à l’environnement dans leur chaîne de production. Un texte majeur contre l’impunité des multinationales, que j’ai porté depuis le début de mon mandat. Dans les deux cas, un même exemple de bataille insoumise sans relâche depuis 4 ans, et un double-jeu honteux d’Emmanuel Macron pour limiter l’impact de ces conquêtes écologiques et sociales importantes. Le Président de la République s'affichant en faveur de ces deux textes alors qu’il manœuvre en réalité en coulisses pour tenter de les affaiblir.
Sur les ubérisés, Emmanuel Macron a depuis le début et jusqu’au bout été le porte-parole des lobbies des plateformes pour éviter à tout prix la présomption de salariat et maintenir les travailleurs concernés dans la précarité. Sur le devoir de vigilance, il s’est fait le porte-voix des lobbies des banques, pour refuser qu’elles aient à rendre des comptes sur les violations des droits humains et les atteintes à la planète qu’elles cautionnent en finançant des multinationales sans foi ni loi. Comme l’un comme pour l’autre, c’est principalement en raison de l’action de la France dans les négociations opaques du Conseil que les positions initialement plus ambitieuses du Parlement européen ont été largement affaiblies.
En parallèle, Emmanuel Macron menait également bataille contre deux textes qui auraient pourtant dû être consensuels. L’un sur la définition d’un cadre juridique au niveau européen pour mieux lutter contre les violences sexistes et sexuelles. L’autre pour renforcer la protection des journalistes, la liberté de la presse et son indépendance alors qu’elles sont attaquées quotidiennement partout en Europe. Mais là encore, Emmanuel Macron a réalisé les pires alliances en coulisses pour vider ces textes de leur substance en allant chercher du soutien à droite et à l’extrême-droite pour réunir des majorités réactionnaires et empêcher tout progrès.
Sur les VSS, la France s’est alliée à la Pologne et à la Hongrie pour exclure le viol de la directive, en usant d’arguments faussement techniques d’une mauvaise foi totale. Arguments par ailleurs balayés par les députés européens Renaissance eux-mêmes qui ont écrit une tribune pour désavouer le Président de la République… A cause de cette opposition, les négociations n’ont pas pu aboutir et sont désormais repoussées, alors même qu’il y a urgence à harmoniser les pays européens sur cette question centrale. Sur les médias, la France s’est mis en tête d’intégrer une clause permettant d’espionner tout journaliste au nom du concept volontairement flou de “sécurité nationale”, provoquant une levée de bouclier légitime de toutes les ONG et syndicats de la profession. Heureusement, Macron a été mis en minorité et cet espionnage généralisé sera heureusement interdit.
Ce double-jeu, ce double-discours, est ce qui résume le mieux l’action européenne de Macron et le bilan de ses eurodéputés. “Champion de la Planète” mais désobéissant aux objectifs européens sur les renouvelables. “Pour l’interdiction du glyphosate” mais s’abstenant sur son renouvellement pour 10 ans au niveau européen. Chantre de la “relocalisation” mais soutien actif du traité de libre-échange avec la Nouvelle-Zélande. “Rempart” face à l’extrême-droite mais promoteur du pacte asile immigration aussi xénophobe que sa loi du même nom à l’Assemblée. “Pour la paix à Gaza” alors que ses eurodéputés refusent toute résolution appelant au cessez-le-feu. “Réformateur” alors qu’il vient de signer pour le retour des règles austéritaires absurdes des 3% de déficit. “Progressiste” alors qu’il ne cesse de former des coalitions avec le pire de l’extrême-droite européenne.
Et si Emmanuel Macron peut se permettre de tenir de telles positions, c’est qu’il n’a jamais à en rendre véritablement compte, bénéficiant du huis clos des négociations européennes. On touche là au cœur du problème : l’absence de transparence des institutions européennes, orchestrée à dessein pour que chacun puisse défendre des positions qu’ils n’auraient absolument pas assumer si le débat était public. C’est aussi vrai pour les négociations au Parlement européen, où je me bats sans cesse, et bien seule, pour dénoncer ce qui se passe derrière les portes closes. Certains députés murmurent même qu’ils n’aiment pas négocier avec moi car je risque de rendre compte publiquement de ce qu’il s’y dit. Eh oui, cela s’appelle la démocratie chers collègues et il serait bien de vous rappeler à qui vous devez rendre des comptes : aux gens qui vous ont élus, pas aux lobbies dont vous vous faites les porte-voix dans l’opacité des négociations.
Derrière les victoires arrachées cette semaine (sur les travailleurs des plateformes ou le devoir de vigilance), il y a aussi cette leçon. Voilà le rôle et l’utilité des députés européens insoumis : dénoncer sans relâche les magouilles des dirigeants européens qui ont trop longtemps pris l’habitude de faire leur tambouille dans leur coin. Ne pas laisser faire Emmanuel Macron quand il fait honte à la France au niveau européen avec des allers-retours et des contradictions qui nous affaiblissent durablement. Mettre la lumière sur ses agissements dans l’ombre contre les droits sociaux, l’action climatique et les libertés publiques, qui sont avérés et documentés. La campagne qui s’amorce pour les élections de juin sera l’occasion de mettre les Macronistes face à ce bilan désastreux. Et là ils ne pourront plus se cacher - comptez sur moi pour les confronter à leurs mensonges !