Tribune internationale : "Pour un cessez le feu immédiat et permanent à Gaza"
Tribune publiée dans l'Humanité. À Gaza, les bombes ont recommencé à pleuvoir sur les civils, les enfants, les hôpitaux, tuant et détruisant tout sur leur passage. Le massacre aveugle auquel nous assistons depuis l’Europe est de plus en plus insupportable. Si la trêve d’une semaine a évidemment été la bienvenue, permettant de protéger les civils et d’exposer l’ampleur du désastre humanitaire, la reprise des combats est le signe d’une évolution désastreuse.
Ce conflit dure depuis des années et a toujours été sanglant, mais depuis l’attaque de terreur atroce du Hamas contre des civils israéliens le 7 octobre, la situation s’est transformée en un véritable désastre. Le bombardement incessant de Gaza par les forces armées israéliennes a conduit à un siège total de Gaza, privant 2 millions de Palestiniens d’électricité, d’eau, de nourriture et de carburant. Depuis le 7 octobre 2023, plus de 15 000 Palestiniens ont été tués dans les bombardements israéliens, dont plus de 5 800 enfants. L’âge le plus fréquent des personnes tuées à Gaza est cinq ans. Journalistes, personnel hospitalier, personnel des Nations unies, personnel scolaire, enfants et personnes âgées : personne n’est à l’abri.
Ces attaques constituent une abominable punition collective du peuple palestinien et une violation flagrante du droit humanitaire international. Elles ne constituent en aucun cas un exercice du droit à l’autodéfense.
Nous, eurodéputé·es et chef·fes de partis d’une grande partie de la gauche progressiste en Europe, exigeons un cessez-le-feu immédiat et permanent à Gaza et la libération de tous les otages. Nous demandons que le droit international soit respecté et que les dirigeants du monde entier œuvrent pour la fin du long conflit entre Israël et la Palestine et pour la mise en place d’une solution à deux États où Israéliens et Palestiniens puissent vivre en paix et en liberté.
Cette situation, qui s’inscrit dans le cadre d’un conflit vieux de 75 ans, s’est aussi aggravée en Cisjordanie et à Jérusalem-Est où un nombre croissant de Palestiniens ont été victimes d’agressions de la part des forces de sécurité israéliennes et des colons. Des dizaines de communautés palestiniennes ont été attaquées et déplacées de force. Les arrestations et détentions arbitraires se sont multipliées. Plusieurs déclarations de responsables israéliens, comme la proposition de bombarder Gaza ou la comparaison des Palestiniens à des “animaux humains”, font craindre l’existence d’un risque de génocide à l’encontre du peuple palestinien.
Le gouvernement dirigé par Netanyahou est le gouvernement le plus à droite qui ait jamais existé en Israël ce qui constitue probablement l’’une des raisons pour laquelle Israël agit aujourd’hui de manière aussi indiscriminée. Il est extrêmement inquiétant que tant d’européens soient incapables de s’élever contre toutes les formes de racisme, en prenant leurs distances et en critiquant les États qui agissent en violation du droit international.
La pression sur le gouvernement israélien doit maintenant s’accroître afin de réduire les souffrances des Palestiniens. Mais lorsque l’Union européenne (UE), après une réflexion bien trop longue, commence enfin à réagir, elle appelle à des “pauses humanitaires” temporaires. Pour les dirigeants de l’UE, les habitants de Gaza devraient bénéficier de pauses entre les bombardements, et non d’un cessez-le-feu durable.
L’UE ne peut plus détourner le regard. Notre continent sait trop bien à quel point le mince voile de l’humanité est fragile. L’histoire jugera sévèrement les dirigeants européens pour leur soutien “inconditionnel” au massacre commis par le gouvernement d’extrême droite d’Israël.
En 2022, face à une violation manifeste du droit international par la Russie, l’UE a pris des sanctions bienvenues et sans précédent contre le gouvernement russe. L’UE doit être prête à faire de même et à prendre toutes les sanctions nécessaires contre Israël jusqu’à ce qu’il se conforme pleinement au droit international, en commençant par suspendre l’accord d’association UE-Israël. Nous devons également traduire M. Netanyahou et son entourage politique devant la Cour pénale internationale pour les crimes de guerre qui ont été et sont encore commis.
Tous les otages, les prisonniers politiques et les enfants emprisonnés doivent être immédiatement libérés, un cessez-le-feu durable doit être imposé et le blocus de Gaza doit cesser. Les personnes coupables de crimes doivent faire l’objet d’une enquête et de poursuites. Nous sommes convaincus qu’une solution à deux États est possible, qu’il s’agit là de volonté politique et que la paix et la sécurité doivent être garanties tant aux Palestiniens qu’aux Israéliens. Pour une simple et bonne raison : personne n’est libre tant que nous ne le sommes pas tous.
L’UE est restée trop longtemps indifférente aux souffrances du peuple palestinien. Nous prenons maintenant la parole pour demander d’y mettre un terme.
Signataires
Manon Aubry, eurodéputée La France insoumise, Co-Présidente du groupe de la Gauche (France)
Ione Belarra, députée, Secrétaire générale de Podemos (Espagne)
Pernando Barrena, eurodéputé EH Bildu (Pays Basque)
Malin Bjork, eurodéputée Vansterpartiet (Suède)
Manuel Bompard, député, coordinateur de La France insoumise (France)
Nooshi Dadgostar, députée, cheffe de Vansterpartiet (Suède)
Pelle Dragsted, chef de Enhedslisten (Danemark)
José Gusmão, eurodéputé Bloco de Esquerda (Portugal)
Chris MacManus, eurodéputé Sinn Féin (Irlande)
Marisa Matias, eurodéputée Bloco de Esquerda (Portugal)
Ana Miranda, eurodéputée Bloque Nacionalista Galego (Galice)
Silvia Modig, eurodéputée Vasemmistoliitto (Finlande)
Mariana Mortágua, députée, Coordinatrice du Bloco de Esquerda (Portugal)
Idoia Villanueva, eurodéputée Podemos (Espagne)
Nikolaj Villumsen, eurodéputé Enhedslisten (Danemark)
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