Liaisons Dangereuses
Bruxelles sous l’influence des lobbys. Lancement de l’initiative #LiaisonsDangereuses après un an de mandat passé à traquer les scandales éthiques !
Une année de mandat européen dans “la bulle bruxelloise” donne l’occasion d’assister, depuis les premières loges, au bal des lobbies. Il s’agit d’une valse bien réglée entre le régulateur public d’un côté (les fonctionnaires européens), et intérêts privés de l’autres (les lobbyistes des multinationales).
Les pas sont souvent les mêmes : une faveur ou un cadeau par ici, un conflit d’intérêts par là. Parfois, les partenaires échange les rôles : le lobbyiste devient fonctionnaire, ou le fonctionnaire devient lobbyiste (en gardant ses précieuses informations confidentielles et son carnet d’adresses) comme ce fut le cas pour l’autorité de contrôle bancaire.
Tout ce jeu de séduction, de petits secrets échangés et d’arrangements en coulisses est tellement ancré dans le fonctionnement de “la bulle européenne” que personne ici ne s’en émeut. À vrai dire, à l’intérieur de la bulle, presque tout le monde y gagne : c’est l’intérêt général et les citoyens qui y perdent.
Pour tenter de percer la bulle et gâcher la fête des lobbyistes, je lance l’initiative #LiaisonsDangereuses. Sous cette étiquette, je publie un répertoire de tous les scandales éthiques auxquels j’assiste au sein des institutions. Forte de ce recueil de dérapages démocratiques qui s’épaissit de jour en jour, je poursuis en parallèle mon combat au Parlement pour que soient adoptées de nouvelles règles d’éthique et qu’une autorité indépendante soit mise en place pour les appliquer. Parmi les 45 affaires comptabilisées l’année passée, et que vous pouvez retrouver ici (➡️https://twitter.com/ManonAubryFr/status/1264817575629918209), voici quelques pépites :
BMW pollue le Conseil européen.
Le Conseil européen, qui regroupe les gouvernements des Etats membres, est souvent décrit comme l’institution la plus puissante… et la moins transparente. Tous les six mois, la présidence du Conseil revient à un nouvel État membre qui prend alors la direction l’agenda de l’institution. Depuis quelques années, les États signent des “partenariats” avec des “sponsors” qui financent les frais de la présidence : Coca-cola, Microsoft, des entreprises pétrolières… Les termes de l’accord restent secrets, mais l’objectif des sponsors est toujours le même : avoir son logo à côté du drapeau, et le numéro de téléphone de la Présidence du Conseil dans sa poche. La Finlande, présidente du Conseil de juillet à décembre 2019, a ainsi choisi BMW. Un constructeur automobile allemand, épinglé pour avoir massivement fraudé les tests européens anti-pollution (Dieselgate) ! Drôle de choix, quand on doit établir les ambitions du Conseil pour le Pacte vert européen.
BlackRock, le mauvais conseiller de la Commission.
Tout commence lorsque la Commission européenne lance un appel d’offre pour recruter un conseiller afin d’incorporer dans la surveillance bancaire « les facteurs environnementaux et sociaux ». BlackRock soumet alors une offre imbattable pour 280 000 euros, soit deux fois moins que le montant estimé pour la prestation par la Commission ! Il faut dire que le plus grand gérant d’actifs financiers au monde a un intérêt particulier dans l’affaire : près de 90 milliards d’euros investis dans les énergies fossiles. Difficile d’imaginer qu’ils vont conseiller des mesures qui pourraient faire chuter la valeur de leurs investissements. Contrairement à ce qu’affirme la Commission, le conflit d’intérêts saute aux yeux.
Facebook s’achète des amis influents.
Facebook se bat sur tous les fronts au niveau européen, cumulant évasion fiscale, abus de position dominante envers ses concurrents, et scandales liés au traitement des données personnelles. Pour se défendre, l’entreprise a bien compris qu’il n’y a pas de meilleur lobbyiste que d’anciens fonctionnaires haut-placés, tels que l’ancienne députée européenne Erika Mann (socialiste, Allemagne) qui a rejoint ses rangs en 2011. Le 6 mai dernier, c’est au tour d’une ancienne conseillère du Président de la Commission européenne Juncker (2014-2019) de devenir “directrice des affaires publiques auprès de l’Union européenne”. C’est-à-dire, lobbyiste en chef de Facebook à Bruxelles. Les règles européennes interdisent pourtant à son personnel tout lobbying envers d’anciens collègues pendant les 12 mois suivant la cessation de leurs fonctions. Mais la conseillère bien connue de la droite européenne n’a pas attendu un an, ni le feu vert de la Commission, pour filer avec son carnet d’adresse et sa connaissance de dossiers.
Et des cas comme ceux-là… j’en ai déjà recensé 47 en à peine un an de mandat. La phase émergée de l’iceberg lobby qui lui ne fond pas. Avec l’initiative des #LiaisonsDangereuses, je continuerai à recenser tous les cas et à faire la lumière sur les liens obscurs entre les institutions européennes et les lobbies. Comptez sur moi pour continuer le combat pour que l’éthique prime enfin sur le fric !
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