1ère étape : l’arbre, cet allié si précieux et fragile
Le top départ de nos 1000 bornes dans une Europe en berne a été donné à Marseille. A peine le temps de faire les derniers réglages vélo (et de réaliser que quand même c’était un peu fou comme idée) que nous mettons déjà le cap vers font blanche, une forêt près de La Ciotat où nous attendent des scientifiques qui étudient de près le changement climatique.
Il nous faut un petit moment avant de quitter la ville, tellement l’étalement urbain est important dans la zone entourant Marseille. L’occasion de constater aussi que les choses n’ont pas beaucoup changé depuis mon enfance et que la région n’est absolument pas faite pour la circulation à vélo : nous n’avons pas croisé la moindre piste cyclable protégée sur le chemin. Une fois passé Aubagne, ça commence à grimper un peu avant une bonne côte pour atteindre notre point de rdv où nous arrivons en sueur. On s’enfonce dans la forêt avec toute une équipe de chercheurs essentiellement issus de l’INRA et dont certains collaborent aux rapports du GIEC (groupe d’experts des nations unies sur le changement climatique) pour atteindre une de leurs zones d’étude. Ici on y analyse la forêt : ce puits d’oxygène qui séquestre le CO2 et permet ainsi de limiter les émissions de gaz à effet de serre. Une bulle d’oxygène pourtant menacée par le changement climatique, la sécheresse affectant la capacité des arbres à faire cet exercise de photosynthèse.
La sécheresse, ce phénomène de plus en plus régulier dans la région, effet direct d’un réchauffement climatique qui va 20% plus vite autour de la mer Méditerranée que dans le reste du monde. La sécheresse, cette catastrophe pour les ressources en eau qui va devenir une ressource de plus en plus rare dans les prochaines années selon les experts qui prévoient une pénurie. La sécheresse qui augmente le risque d’incendies. La sécheresse qui rend les épisodes pluvieux et les inondations plus violents. La sécheresse qui empêche aux fleurs de produire leur nectar : Benoît, chercheur sur les abeilles a mesuré qu’avec une baisse de seulement 15% de pluie, une fleur sur deux ne produit plus de nectar, pourtant si précieuse pour les abeilles dont la survie est menacée.
En région Méditerranée plus qu’ailleurs, les effets du réchauffement climatique se font déjà ressentir et les risques sont majeurs. Sur la biodiversité, sur nos forêts mais aussi sur notre vie du quotidien : des zones entières risquent d’être submergées (jusqu’à un mètre d’augmentation du niveau de la mer dans les prochaines décennies), impactant non seulement ces zones entières comme la Camargue qui pourraient se retrouver complètement sous l’eau mais aussi des infrastructures banales comme le tout à l’égout.
Alors depuis notre post d’observation et de mesure perché en haut de la forêt de Font Blanche, accompagnée de tous ces experts du climat, je me dis que leur cri d’alerte n’a manifestement pas été entendu assez fort. On a envie de le hurler depuis la tour d’observation pour que tout le monde l’entende. Les industriels qui défendent que les pesticides n’ont aucun impact sur la biodiversité. Les promoteurs immobiliers qui grignotent toujours un peu plus sur les espaces naturels pour construire. La recherche publique qui est continuellement dépecée et dès lors affaiblie pour soutenir ces précieuses expertises. Et surtout les décideurs politiques qui perpétuent un modèle économique voué à détruire notre planète.
L’un de ces scientifiques rencontrés aujourd’hui m’a posé la question : « pourquoi en est-on encore à des mesures politiques timides en matière climatique ? ».
Sûrement parce que les conclusions des recherches de ces experts n’ont pas été assez entendues. Alors comptez sur moi pour les porter haut et fort à la tribune du parlement européen !
Ps : merci à Hendrik, Joel, Nicolas, Eric et Benoit pour leur temps passer à nos côtés à partager leur expertise
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