Taxation des profiteurs de crise : Macron dernier défenseur des privilèges des riches
La démocratie selon Macron, c’est le gouvernement des riches, par les riches, pour les riches. Et Macron est en passe de devenir leur champion international le plus actif, se battant bec et ongles à tous les niveaux pour sauver leurs privilèges.
Ce n’est pas la crise pour tout le monde. Alors que le nombre de pauvres explosait et les queues s’allongeaient devant les distributions alimentaires, les milliardaires et le CAC 40 sortaient le champagne. +40% en un an pour nos milliardaires français. Rien que ça. Imaginez une minute si votre salaire avait augmenté aussi vite.
Pour Bernard Arnault, c’est + 62 milliards. Pour Françoise Bettancourt, c’est + 21 milliards. Pour François Pinault, c’est +13 milliards. Symbole de ces profiteurs de crise, l’entrée dans ce club privé de Stéphane Blancel, PDG du labo pharmaceutique Moderna et pour qui les vaccins rapportent manifestement gros. Du côté des multinationales, c’est également la fête. Le CAC 40 est au plus haut depuis 20 ans, en pleine récession mondiale. Les banques françaises se sont accaparées 21 milliards sur les 23 milliards de profits de l’ensemble des banques européennes. Amazon et Netflix ont doublé leurs bénéfices grâce aux confinements. Et Sanofi a tué le game : incapable de trouver un vaccin mais capable de verser 4 milliards de dividendes à ses actionnaires tout en supprimant 400 postes de chercheurs. Pendant ce temps, pour les petites entreprises, c’est la galère : près de ⅔ affichent des pertes.
On se croirait revenus à l’Ancien Régime, ce temps où la noblesse bénéficiait de ses privilèges en toute impunité pendant que les gueux trimaient. Les inégalités ne datent pas d’hier mais elles se sont considérablement accrues ces dernières années. Pour atteindre aujourd’hui des niveaux complètement absurdes : si quelqu'un avait pu économiser l'équivalent de 8 000 euros par jour depuis la prise de la Bastille en 1789, il n'arriverait aujourd'hui qu'à 1 % de la fortune de Bernard Arnault. Voilà où on en est...
Une question se pose donc. Pourquoi Arnault, Bettancourt, Pinault, Blancel ne contribueraient-ils pas un peu plus ? Pourquoi Sanofi, Netflix, Amazon ne paieraient-ils pas enfin un peu d’impôts ? C’est ce qui s’est toujours fait dans l’histoire et notamment dans notre pays face aux grandes crises, par exemple après les deux guerres mondiales. On taxe les profiteurs, qui se sont enrichis pendant que tout le monde tirait la langue. Ces mots prononcés le 10 février 1916 par le député de la Loire Gilbert Laurent apparaissent plus que jamais d’actualité : « Nul ne doit être autorisé à édifier sa fortune particulière sur cette calamité publique qui s’appelle la guerre. » Surtout que les Etats sont directement responsables de l’explosion des inégalités dans la crise actuelle. La Banque centrale européenne a inondé les marchés financiers de liquidité sans aucun fléchage vers l’économie réelle. Les Etats ont inondé les grandes entreprises d’aides publiques sans leur demander la moindre contrepartie écologique et sociale. Et les cadeaux fiscaux de Macron ont continué de pleuvoir pour les plus riches et les multinationales.
Face à l’absurdité de cette situation, nous nous battons depuis des mois pour dire stop, à Paris comme à Bruxelles. Mes camarades de l’Assemblée viennent de présenter une proposition de taxation des profiteurs de crise. Nous avons fait de même au parlement européen. C’est un combat que je mène depuis des années et le temps où j’étais porte-parole d’Oxfam sur les enjeux de justice fiscale. Un combat que je me suis promis de mener sans relâche une fois élue.
Mais chose nouvelle, des voix s’élèvent aujourd’hui partout pour dire stop. Y compris dans des milieux qu’on ne pourrait taxer de gauchisme. L’ONU appelle à taxer les riches et les multinationales qui profitent de la crise. Le FMI fait de même (promis ils ne sont pas devenus le Fonds Monétaire Insoumis). De nombreux pays, s’y sont mis. Les populations y sont favorables, trois quarts des français le souhaitant par exemple d’après un récent sondage . Et une partie des milliardaires, eux-mêmes (avec une bonne dose de cynisme il faut le souligner), l’appellent également de leurs vœux. La question d’une taxation minimum d’imposition des entreprises au niveau international, sur laquelle je me bats depuis des années, est même revenue sur le devant de la scène sous l’impulsion des Etats-Unis. Je ne suis pas naïve. Tous ces protagonistes ne se sont pas découverts une âme insoumise : mais une partie des néolibéraux, sûrement pétrifiés du vent de révolte que pourrait créer ce niveau inédit d’inégalités, sentent le vent tourner. Et les lignes commencent à bouger partout, lentement mais sûrement, sur le sujet de la justice fiscale.
Partout sauf… pour Macron. Qui, comme Louis XVI en son temps, se pose en dernier défenseur des privilèges. Biden propose un taux mondial d’imposition des entreprises de 21% pour qu’elles cessent l’évasion fiscale. Macron proposait deux fois moins dans les négociations. Le Royaume-Uni et les Etats-Unis augmentent leur impôt sur les sociétés. Macron maintient la baisse jusqu’à 25%, soit deux fois moins qu’au moment de sa création. L’Argentine et la Nouvelle-Zélande mettent en place des taxes sur les plus riches. Macron refuse de rétablir l’ISF et veut faciliter les transmissions des parents très riches vers leurs enfants très riches. Un consensus européen semble se dessiner pour renforcer les obligations de transparence fiscale des multinationales. Macron agit main dans la main avec le MEDEF pour vider le texte de son sens.
La démocratie selon Macron, c’est le gouvernement des riches, par les riches, pour les riches. Et Macron est en passe de devenir leur champion international le plus actif, se battant bec et ongles à tous les niveaux pour sauver leurs privilèges. En 1789, la révolution est née d’une révolte fiscale contre les privilèges de la noblesse. A nous de nous inspirer de l'histoire pour dessiner l'avenir. En 2022, nous porterons la révolution citoyenne contre les privilèges des milliardaires et des multinationales.